Naufragé sur une île déserte, j’avais jeté une bouteille à la mer. Puis j’avais attendu le miracle, guettant l’âme secourable qui viendrait me sortir de cet îlot perdu où les seuls êtres vivants –d’énormes moustiques qui me rendaient fou– constituaient l’essentiel de ma nourriture.
Prières païennes ou chrétiennes, méthode Coué et autres stupides techniques m’avaient rapidement montré leurs limites : l’horizon était resté vierge et le ciel n’avait jamais connu la moindre zébrure consécutive à un quelconque aéronef.
Pendant de longues années j’avais attendu et espéré.
Pendant d’autres longues longues années j’avais commencé à douter.
Puis acceptant cette déraison qui consiste à se faire une raison définitive, un jour j’avais accepté l’idée que c’en était fini de mon retour parmi les hommes, mettant une croix de plomb sur mes espoirs.
Mais ce sont les hommes qui vinrent à moi, des naufragés. Une tempête avait eu raison de leur rafiot, le seul qui eut jamais croisé dans le coin.
Quatre hommes qui avaient brusquement débarqué chez moi, sur mon île à moi.
Ce qu’il advint alors me fit tellement regretter de me retrouver parmi les hommes que je mis fin à mes jours.